Contexte
Une image montrant le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, menotté en pleine audience devant un jury au tribunal, a été partagée sur le réseau social X (ex Twitter). Cette publication s’accompagnait d’allégations affirmant que le président a été condamné par la Cour Pénale Internationale pour crimes contre l’humanité. Pour vérifier cette information, Eleza Fact a consulté le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale et soumis l’image à des analyses grâce aux outils de vérification d’images basés sur l’intelligence artificielle, notamment Hive Moderation et AI or Not. Les résultats ont confirmé que ces allégations sont fausses et que cette image est un fruit de l’IA.
Source de l’infox
L’image a été diffusée le 17 décembre via un tweet publié par l’utilisateur Mutoni Carlene sur la plateforme X. La légende accompagnant l’image affirme : « La Cour Pénale Internationale (CPI) a reconnu monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo coupable des crimes suivant : massacres de Kishishe ; carnage de Goma, le 30 août 2023 ; bombardement dans le camp de Mugunga ; Terrorisme et viol ; détournement des fonds ; création de groupes armés ; incitation à la haine, crimes de génocide ».
Ce post a touché plus de 15 000 personnes, générant plus de 100 mentions “j’aime”, plus de 60 commentaires, plus de 40 partages et citations, ainsi que 3 signets (chiffres relevés au 26 décembre à 16h06, heure de Goma).
Les commentaires sur ce post montrent l’impact émotionnel de cette désinformation, avec plusieurs incitations à la haine et à la violence. D’autres, en revanche, semblent croire aveuglément à cette fausse information. Par exemple, un internaute écrit : « La CPI le condamne à la peine capitale ». Un autre ajoute : « Ce type n'est pas sérieux, tuez-le ».
La CPI réfute ces accusations
Eleza Fact a contacté le bureau du procureur au sein de la Cour Pénale Internationale, et ce dernier a réfuté cette information. « La personne nommée ne figure pas sur la liste des personnes faisant l'objet d'un mandat d'arrêt émis par la CPI », précise le département des affaires publiques du bureau du procureur au sein de la CPI à Eleza Fact.
En plus, celui-ci étant un président en exercice, d’après le droit international public, il jouit d’une immunité (lien archivé) qui veut qu’un chef d’Etat en exercice ne puisse être forcé de comparaître devant aucune instance nationale, ni étrangère, ni être sanctionné, civilement ou pénalement, par une telle instance.
Aucun média crédible n’a fait état d’une quelconque poursuite judiciaire à l’égard du président Félix Tshisekedi. Au contraire, les informations récentes sur le président de la RDC précisent que ce dernier était ce 26 décembre à Mbuji-Mayi où il a annoncé la relance prochaine de la Minière de Bakwanga (MIBA).
Analyse et source de l’image
En observant attentivement l’image, nous remarquons des indices qui prouvent que celle-ci n’est pas humaine : une netteté et une clarté exceptionnelle, la disposition, les accessoires et les vêtements des personnes en arrière-plan sont très symétriques et uniformes, et ne ressemblent pas à une réalité naturelle.
Utilisant les outils de vérification d’images, dont Hive Moderation et AI or Not, nous avons analysé l’image et avons découvert qu’elle présente un niveau très élevé de probabilité d’être le fruit d’une intelligence artificielle.
Hive Moderation donne un score de 99,9% de probabilité que cette image soit le fruit d’une Intelligence Artificielle.
Résultat de l’analyse via Hive Moderation, capturés par Eleza Fact.
À son tour, Ai Or Not précise que l’image est probablement la création d’une intelligence artificielle.
Résultat de l’analyse via AI or Not, capturés par Eleza Fact.
Conclusion
Le bureau du procureur de la Cour Pénale Internationale a confirmé à Eleza Fact que le président Félix Tshisekedi ne figure pas sur la liste des personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt à la CPI. Par ailleurs, les analyses menées grâce à Hive Moderation et Ai or Not ont révélé que l’image en question avait été générée par une intelligence artificielle. Les images générées par l’intelligence artificielle sont utilisées pour propager la désinformation et ont des conséquences sur la cohésion sociale et la confiance dans les institutions publiques et les personnalités. Il est essentiel de toujours vérifier les sources fiables avant de partager une information.
Edité par Daniel Makeke